extension du cimetière de platta à sion
“à l’orée du bois”
image d’archive (1972)
historique
Le cimetière de Platta, construit entre 1972 et 1976 par l’architecte sédunois Pierre Schmid, a été agrandi à plusieurs reprises. Sa disposition en terrasses fait référence au vignoble valaisan qui reflète le paysage viticole local. Proche de la saturation, la Ville de Sion a organisé, en 2022, un mandat d’étude parallèles pour l’extension du cimetière (étape I).
Le site est classé à l’inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels des paysages de Suisse.
concept architectural
L’aménagement de cette nouvelle zone s’inspire de la morphologie des murs en terrasses et continue le dialogue avec le cimetière existant. Les parcours sont prolongés sur l’ensemble du site et offrent des accès perméables à tous les niveaux.
tombes collectives et individualité
La densité d’urnes souhaitée nous a conduit à développer un columbarium avec des urnes mises en terre, faisant référence à l’ensevelissement traditionnel.
Ces tombes collectives avec alcôves individuelles permettent un système rationnel et dense tout en préservant l’individualité grâce à des stèles commémoratives personnalisées.
Les stèles horizontales, en libérant l’espace et la vue, harmonisent le site et assurent une transition en douceur avec la partie existante du cimetière.
concept végétal par MAP SA
Le projet s’inscrit entre les vignes ensoleillées et la colline boisée de Tourbillon. Il travaille la couture fine avec la forêt et offre une ambiance s’inspirant du sous-bois forestier et de son jeu d’ombre et de lumière. Les nouvelles plantations réinterprètent cette richesse en évoquant l’atmosphère intime du sous-bois et la légèreté colorée des parterres. Les stèles sont installées à l’orée du bois, protégées par la couronne des arbres, elles regardent les coteaux ensoleillés.
jardin du souvenir
Situé à la rencontre entre le cimetière actuel et son extension, le jardin du souvenir appartient autant à l’ancien qu’au nouveau système. Trois bosquets dessinent une place qui permet d’accueillir les cérémonies en toute quiétude, au cœur de cet écrin forestier. C’est également un lieu de recueillement qui s’étend à travers la forêt et son sous-bois. Le jardin du souvenir offre une vue majestueuse sur la plaine du Rhône. Niché dans une alcôve végétale riche de vivaces, il devient un lieu de contemplation privilégié. Le cimetière est à la fois un lieu de mémoire et un grand jardin où le souvenir s’inscrit dans le paysage et se partage au rythme des saisons.
concept artistique par Vincent Fournier
Le projet propose la mise en place d’une pierre issue de la carrière de St-Léonard sciée en deux. Ces deux pierres jumelles expriment la symbolique de la dualité entre la vie et la mort, mais également la déchirure entre le corps et l’esprit. Les deux faces obtenues révèlent une symétrie presque parfaite.
pose du monument
Le point d’orgue de la phase de chantier a été la mise en place de l’œuvre d’art, une opération de précision nécessitant le levage de deux blocs de pierre de 3 et 11 tonnes à l’aide d’un camion-grue.
L’expertise et l’assistance de Pierre Lomazzi ont été déterminantes pour garantir la mise en aplomb du bloc vertical ainsi que l’alignement du bloc horizontal avec le tube d’attente. Ses consignes ont permis un sanglage conforme, assurant la stabilité des mégalithes durant les opérations de manutention aérienne.
La stabilité de l’assise de l’œuvre est assurée par une fosse à cendres en béton, complétée par des pierres sciées permettant d’ajuster la hauteur jusqu’au niveau du terrain aménagé. Finalement, des cales en pierre ont également été nécessaires pour parfaire la mise en place.
La sculpture, par sa position décentrée et sa nature minérale, respecte l’intention architecturale dans le dialogue avec le paysage et la contemplation de la vallée du Rhône.
L’un des blocs est dressé à la verticale et semble dessiner un doigt qui invite et dirige le regard du passant vers le ciel, symbole de l’éternité liée à l’âme tandis que l’autre est posé à plat sur la fosse à cendres et exprime le repos du corps. Une analogie est faite aux tombes funéraires avec ces deux dimensions verticales et horizontales. Ces deux blocs semblables et complémentaires sont issus d’un même élément tout comme le corps et l’âme avant la mort.
réalisation
Inauguré en septembre 2025, le chantier, qui aura duré un an et demi, a permis d’aménager, sous le rocher de Valère, des terrasses végétalisées dans la partie sud du cimetière sur une surface de 2’500 m2, s’intégrant harmonieusement à la topographie existante.
travaux de terrassement
Les columbariums, réalisés en béton préfabriqué et teintés, s’organisent en une trame de 4 × 9, offrant jusqu’à 64 emplacements pour urnes, à raison de deux par niche.
Avant d’être occupées, toutes les niches sont engazonnées, puis progressivement remplacées par une stèle.
Quatre emplacements centraux, regroupés au cœur de la trame, sont spécifiquement réservés à la végétation.
L’aménagement de l’extension du cimetière assure une connexion harmonieuse avec la forêt voisine. Le choix des plantations crée une transition naturelle et douce entre ces deux environnements.
lisière de la forêt avant l’extension (vue côté ouest)
cheminement avant l’extension (vue côté est)
extension assurant une parfaite couture avec la forêt
création d’une liaison par le chemin existant
image avant les travaux d’extension (2022) - photo © nicolas sedlatchek
image après les travaux d’extension (2025) - photo © Olivier Maire / Studio 54 Sàrl